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Les croyances irrationnelles selon Albert Ellis

Albert Ellis

 

 

Débusquer nos croyances irrationnelles et en venir à bout ! Voilà ce que propose le grand psychologue americain Albert Ellis. Dix idées irrationnelles qu'il démonte une à une afin de nous aider à nous libérer de nos croyances enfermantes. 

 

 1-L’idée irrationnelle numéro 1

Nous devons obtenir l’approbation ou l’amour de tous les gens qui comptent pour nous.

  • Une quête impossible

"Si vous croyez cela, vous entretenez une idée irrationnelle. Et si vous vivez avec cette croyance, vous ne pouvez faire autrement que de vous sentir malheureux. Il faudrait donc que vous acceptiez l’idée que vous n’obtiendrez pas nécessairement l’approbation ou l’amour de tous les gens qui comptent pour vous. Voilà une première démarche qu’on peut entreprendre. En exigeant l’amour de pratiquement tout un chacun, vous vous imposez un but inaccessible basé sur le perfectionnisme. Même si vous exigez l’amour d’un nombre réduit de personnes, vous ne pourrez pas en général l’obtenir de toutes. Une fois votre besoin absolu d’amour et d’approbation établi, vous êtes enclin à vous soucier de son intensité et de sa durée. Si vous avez toujours besoin d’amour, vous devez toujours paraître aimable. En supposant que vous puissiez gagner l’approbation de tous ceux dont l’amour vous est nécessaire, vous ne pourriez atteindre d’autre but tant vous devriez y consacrer temps et effort".

  • Une vie dans le regard de l'autre

"Tenter continuellement d’obtenir l’approbation d’autrui indique que vous consentez à vivre votre vie selon ce que les autres pensent et veulent, renonçant conséquemment à vos propres buts. Cela veut donc également dire vous faire duper en « achetant » l’approbation des autres au détriment de vos propres désirs et de vos propres valeurs. L’émotion négative vient d’une pensée erronée, irrationnelle, il y en a quelques-unes que nous partageons presque tous et il faut passer par le raisonnement pour crever le ballon, et débusquer la pensée irrationnelle qui se cache derrière. Disons, par exemple, que vous êtes tourmenté parce que vous avez échoué dans quelque chose. Voilà une émotion négative, et cela vient d’une pensée irrationnelle qui serait peut-être celle-ci : l’idée que vous devez absolument vous montrer compétent. Ce n’est pas réaliste, vous le savez, et pourtant, si vous ratez quelque chose dans un domaine qui est celui dans lequel vous devriez exceller, ou si vous vous sentez obligé d’exceller, vous développez une peur excessive de l’échec. Vous entretenez des émotions négatives à partir d’une pensée erronée et irrationnelle selon laquelle vous devez réussir dans tous les domaines. D’une manière évidente, pratiquement personne ne peut s’avérer compétent et magistral sur tous les plans. Et quasiment personne ne peut prétendre à une réussite totale, etc. Il faut donc extirper cette idée de votre cerveau".

2 - Idée irrationnelle numéro 2
Nous devons nous montrer tout à fait compétent, apte et capable de réussir. »
"A propos de blâmer et de condamner, si vous pouviez cesser de vous blâmer vous-même ou de condamner les autres ou le cruel destin, écrit Albert Ellis, vous découvririez qu’il est virtuellement impossible de se sentir émotivement perturbé à propos de quoi que ce soit. Parions que vous ne cessez de vous blâmer, et de condamner les autres aussi. Vous avez tendance à vous agripper à l’Idée Irrationnelle numéro 3".

3 - Idée irrationnelle numéro 3

Nous devons blâmer, condamner ou tenir pour de mauvaises personnes, les gens qui se conduisent de manière détestable ou injuste.

"L’idée que les gens s’avèrent mauvais provient d’une autre fausse notion à savoir la définition le plus souvent erronée de ce qui constitue un comportement bon ou mauvais, moral ou amoral. C’est bien toute la question des opinions et des valeurs.Les personnes ayant adopté la philosophie consistant à se blâmer elles-mêmes pour leurs erreurs seront enclines à se sentir si terrorisées à l’idée de commettre d’autres fautes, qu’elles s’abstiendront de faire des expériences, de courir des risques et de s’engager dans la vie. Le fait de blâmer des gens nous pousse à confondre leurs mauvaises actions avec leur culpabilité. Quel que soit le nombre d’actes répréhensibles qu’ils puissent commettre, les gens ne peuvent pas s’avérer intrinsèquement mauvais, puisqu’ils pourraient éventuellement modifier leur comportement et ne plus faire la même faute. On s’aperçoit que, finalement, c’est toujours un raisonnement qui vient nous libérer des tensions suscitées et entretenues par une pensée erronée et irrationnelle".

4 - Idée irrationnelle numéro 4 

La frustration mène nécessairement à l’agression. 

"C’est l’idée que vous devez percevoir les choses comme étant épouvantables, terribles, horribles et catastrophiques lorsque vous éprouvez de grandes frustrations, ou lorsqu’on vous traite injustement ou qu’on vous rejette. Bien que vous puissiez sans aucun doute trouvez cela déplaisant ou fâcheux, vous ne percevez pas la privation comme étant catastrophique ou horrible à moins que vous ne le pensiez. Si vous avez réussi à vous rendre vous-même terriblement contrarié et déprimé à cause de vos frustrations, vous allez presque invariablement vous empêtrer dans vos efforts pour les éliminer. Plus vous gaspillerez de temps et d’énergie à vous battre contre votre triste sort, à tempêter contre ceux qui vous frustrent et à grincer des dents en signe de désespoir, moins vous serez porté à recourir à des actions efficaces pour satisfaire vos besoins".

Qu’elle vous plaise ou non, vous feriez mieux d’accepter la réalité lorsque vous ne pouvez pas la changer. C’est tout à fait dans le sens de ce qu’enseignent les stoïciens. La réalité existe : si elle comporte des infortunes et des frustrations, vous pouvez percevoir cela comme étant fâcheux. Mais pas catastrophique ! Aussi longtemps que vous êtes en vie et que vous jouissez d’une assez bonne santé, vous restez maître de votre destin et le timonier de votre âme. Il se peut que la réalité entrave vos buts et qu’elle y fasse échec. Mais elle ne peut vous vaincre entièrement. Vous seul pouvez causer votre propre perte, si vous avez la conviction que ce qui existe ne devrait pas exister, ou qu’étant donné que les choses vous accablent, vous devez vous sentir déprimé. Cela revient toujours à dire : « pensez autrement ! »

5 - Idée irrationnelle numéro 5

La détresse affective résulterait de pressions externes et nous n'avons pas la capacité de commander nos propres sentiments ou les changer. 

"Cette idée est dépourvue de sens. Tout d’abord, en mettant les choses au pire, les gens et les événements extérieurs ne peuvent rien faire d’autre que de vous infliger des maux physiques ou vous faire subir différentes sortes d’incommodités ou de privations. La souffrance qu’ils vous « causent », particulièrement les sentiments d’horreur, de panique, de honte, de culpabilité et d’hostilité, provient en grande partie du fait que vous prenez leurs critiques ou leur rejet trop au sérieux. Vous répétez à tort que vous ne pouvez pas supporter leur désapprobation ou que vous ne pouvez pas avoir du plaisir dans la vie sans leur approbation. Ce n’est pas possible de vivre comme ça ! Avec tous ces aspects irrationnels du genre : il faudrait, il faut que, j’aurais donc dû, si j’avais su..."

6 - Idée Irrationnelle numéro 6

Nous devons nourrir des inquiétudes et être anxieux à propos de quelque chose qui semble dangereux ou effrayant.

"Il existe des peurs réelles et des craintes rationnelles, bien sûr, mais ce n’est pas le sens de son discours. L’anxiété, selon le sens que nous prêtons à ce terme, consiste en un souci excessif, en une peur inutile ou exagérée, explique-t-il. On est en train de travailler au niveau du mental quand on se pose toutes ces questions. C’est parce qu’on pense un peu de travers qu’on est plus malheureux qu’on devrait l’être, peut-être...Remontez le cours de vos inquiétudes et de vos angoisses jusqu’aux croyances spécifiques qui les génèrent".

7 - Idée irrationnelle numéro 7

Il est plus facile d’esquiver les responsabilités que de s'imposer une discipline personnelle.

La notion selon laquelle la solution la plus facile se révélerait la meilleure mène à éviter l’action. Or la discipline personnelle peut se révéler gratifiante. Le piège du passé ! Un grand classique...


8 - Idée irrationnelle numéro 8

« L’idée que votre passé demeure d’une importance primordiale et  qu'il continue à déterminer vos sentiments et votre comportement aujourd’hui. »

"C’est clair, on est à peu près tous d’accord là-dessus. En demeurant grandement influencé par votre passé, vous ferez subsister ce que les psychanalystes appellent les effets de transfert, reportant injustement les sentiments que vous nourrissiez à l’égard de gens dans le passé sur les personnes avec qui vous êtes en contact aujourd’hui. Cela me paraît être un détail extrêmement important : ne pas faire subir un mauvais sort aux gens avec lesquels vous êtes en contact aujourd’hui à cause d’événements ou de gens qui seraient intervenus dans votre passé."

9 - Idée irrationnelle numéro 9

L’idée que les gens et les choses devraient s’avérer meilleurs qu’ils ne le sont, et que vous devriez considérer qu’il est affreux et horrible de ne pas réussir à trouver des solutions satisfaisantes aux dures réalités de la vie.

"Il n’y a aucune raison pour laquelle les gens devraient se révéler un tant soit peu meilleurs qu’ils ne le sont. Comme Epictète l’a fait observer il y a 2000 ans, même si nous avons une vaste capacité de nous changer et d’exercer un contrôle sur nous-mêmes, nous ne disposons pas d’un pouvoir semblable pour commander au comportement des autres. "

10- Enfin, idée irrationnelle numéro 10

L’idée que vous pouvez atteindre au plus grand bonheur qui soit par la paresse et l’inaction, ou en vous donnant du bon temps, de manière passive et sans jamais vous engager.

Selon Ellis, la plupart des personnes intelligentes et sensibles ont besoin d’activités pleinement absorbantes pour demeurer heureuses et éveillées au maximum. On peut, et il le faudrait, s’absorber dans des activités créatrices.

Écrit par Albert ELLIS : L’approche émotivo-rationnelle, Éditions de l’Homme - 1992

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