Nouveauté

Les ados ont besoin de fermeté

Conseils d'expertÉtienne, 16 ans, trouve, comme ses partenaires du groupe d’affirmation de soi, que ses parents n’ont vraiment pas la bonne méthode pour l’inciter à ranger sa chambre.

Je lui propose donc de faire un jeu de rôle où il est le père et doit trouver la formule adéquate afin que les douze autres ados du groupe aient envie de ranger leur tanière.

La première version, « soft » : « Mon chéri ça me ferait plaisir que tu ranges ta chambre », entraîne un éclat de rire général et un seul ado obtempère « pour être gentil ». La deuxième version est plus ferme : « Je tiens vraiment à ce que tu ranges. » Deux à trois jeunes rangent afin d’éviter la dispute. La troisième version ressemble étrangement à celle des parents : « Tu as intérêt à ranger sinon + menace d’une sanction. »

Depuis quinze ans que j’anime ces groupes, j’ai toujours la surprise de constater qu’aucun ado ne se rebelle et que la moitié d’entre eux rangent illico. La répartition se fait selon que les parents mettent en application la menace prévue ; ceux qui ne rangent pas expliquent que leurs parents ne tiennent pas leur promesse et ne savent pas être autoritaires. Autre surprise, au lieu de les ravir, ces parents sont taxés de peu crédibles dans leur éducation.

Les enfants reconnaissent que, bien qu’ils râlent lorsqu’on leur demande de respecter une consigne, ils sont déçus lorsqu’ils arrivent à faire fléchir leurs parents et regrettent alors qu’ils ne sachent pas mieux les cadrer.

Je sais qu’en tant que parents vous souhaiteriez que vos enfants comprennent que vos consignes ont essentiellement pour but leur bien-être et le respect de la vie en communauté. Vous remémorant votre propre adolescence, vous avez essayé de ne pas faire comme vos parents. Vous avez tenté de leur faire comprendre, de dialoguer, de ne pas appliquer un autoritarisme forcené, d’être copain, de leur dire que vos parents n’auraient pas toléré le quart de ce que vous acceptez.

Peine perdue, vos ados ne vous avoueront jamais ce qu’ils me disent en consultation : « Même si ça nous embête, ça nous rassure qu’ils nous empêchent de faire tout et n’importe quoi. S’ils ne le faisaient pas, j’aurais l’impression qu’ils ne s’intéressent pas à moi, qu’ils ne m’aiment plus. » Aussi prenez votre courage à deux mains et n’hésitez pas à aller à la confrontation.

Donnez des consignes strictes et prévoyez les conséquences, si elles ne sont pas respectées. Pas besoin de hurler, soyez fermes et appliquez la sanction prévue car vos ados testeront ainsi votre crédibilité. J’espère vous avoir convaincu que même si votre enfant exultera devant votre attitude qu’il traitera de ringarde, il sera rassuré par votre attitude ferme et contenante.

Gisèle George
Gisèle George est pédopsychiatre, auteur de nombreux ouvrages, dont Mon enfant s’oppose (Odile Jacob). Elle anime également des groupes d’affirmation de soi pour les enfants.

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