La rencontre amoureuse
Après l’intensité de la rencontre amoureuse, viennent la première nuit et le petit matin. Les premiers pas du couple dans un univers moins magique ne sont pas toujours évidents. Et il en faut parfois peu pour jauger si cette aventure peut devenir une histoire d'amour. Le sociologue Jean-Claude Kaufmann revient pour nous sur la rencontre amoureuse.
Il y a toutes sortes de modalités de rencontres. Certaines sont banales, d’autres sont de véritables flashs amoureux. La plupart du temps on ne sait pas que c’est le début d’une histoire. Neuf fois sur dix elle commence de manière totalement fortuite.
En quoi le premier matin est-il particulièrement révélateur ?
Avant le premier matin, on se situe dans l’univers du sentiment, de la sensualité, de l’érotisme. Le premier matin fait passer dans un autre monde : celui du partage de la vie quotidienne. On va découvrir une autre facette de la personnalité de l’autre, la partie immergée de l’iceberg. La manière de se comporter lors de ce premier moment va donc indiquer si le couple peut naître ou pas. Si les deux personnes peuvent ou non partager ce quotidien.
Y a-t-il des comportements qui permettent de savoir dès le premier matin qu’une histoire commence ?
Il y a plutôt des choses qui bloquent ou qui choquent chez l’autre… des éléments qui surprennent négativement.
Quels sont les gestes du quotidien qui révèlent une incompatibilité ?
Il y en a des tas et de très différents. Par exemple l’histoire de ce couple d’homosexuels dont l’un avait été séduit par le look de l’autre et qui en découvrant qu’il portait un slip acheté en grande surface a compris qu’ils ne pourraient rien partager ensemble.
Les hommes et les femmes réagissent-ils de la même manière face à un amour naissant ?
J’ai rarement constaté autant d’égalité entre les hommes et les femmes. C’est vraiment incroyable. Je n’ai trouvé que deux différences : les hommes sont plus intéressés par le sexe ; ils vont donc être des consommateurs de nuit unique alors que les femmes sont prêtes à continuer.
La stabilité conjugale se joue-t-elle très tôt dans l’histoire ?
Non. Elle se joue très tôt dans la vie. Le vécu est très important. Il y a les personnes qui ont eu des partenaires sexuels très jeunes et celles qui ont connu peu d’histoires. Les personnes qui ont eu beaucoup de partenaires ont une grande inventivité conjugale et les autres une relation à deux plus plan-plan. Le premier matin dit beaucoup sur le style de personne qu’on a en face de soi.
À lire
Histoire naturelle de l’amour, Helen Fisher, Robert Laffont, 22,71 €