Chute des cheveux : quels sont les traitements ?
Après avoir déterminé les causes possibles de la chute des cheveux, l'étape suivante consiste à mettre en place un traitement adapté. Revue des traitements possibles et explications avec le Dr Philippe Abimelec*.
Face à toute perte de cheveux, il faut commencer par en identifier l'origine pour pouvoir traiter sa cause. Les chutes importantes et passagères sont souvent la conséquence d'un effluvium qui peut être télogène (après l'accouchement, une fièvre élevée, l'arrêt d'une contraception ou une anesthésie générale) ou anagène (chimiothérapie). Les chutes de cheveux prolongées sont souvent la conséquence d'une alopécie androgénétique mais peuvent témoigner d'une carence, d'un trouble endocrinien.
Chute des cheveux : quels sont les traitements de l'effluvium télogène ?
Dr Philippe Abimelec : Lorsque l'effluvium télogène est consécutif à une forte fièvre, un accouchement ou une opération, la chute de cheveux est passagère, il faut patienter le temps que tout rentre dans l'ordre.
Quels sont les traitements de l'alopécie androgénique ?
Dr Philippe Abimelec : L'alopécie androgénique est une chute de cheveux d'origine génétique et hormonale, très fréquente chez l'homme, qui se caractérise par une chute localisée. En revanche, chez la femme, l'alopécie androgénétique se manifeste davantage par une chute de cheveux diffuse. Contre cette forme de chute de cheveux androgénique, de très nombreux produits ont été mis sur le marché mais la grande majorité n'a jamais fait la preuve scientifique de leur efficacité. On ne peut donc pas les recommander, excepté deux traitements : le finastéride® et le minoxidil®. Le premier s'adresse uniquement aux hommes, tandis que le second est également indiqué chez les femmes, à un dosage inférieur (2% chez la femme contre 5% chez l'homme). Ces deux médicaments sont à utiliser avec précaution car ils ne sont pas dénués d'effets secondaires. Le finastéride® par exemple, peut provoquer des troubles sexuels (problèmes d'érection). Ces effets sont cependant rares, chez environ 2 personnes sur 100, et sont, évidemment, réversibles. Ce traitement est assez facile à suivre puisqu'il se présente sous la forme de comprimés. En revanche, le minoxidil® est plus contraignant car il nécessite des applications, lesquelles graissent légèrement les cheveux. Par ailleurs, il faut savoir qu'il ne s'agit pas d'un traitement ponctuel, il doit se prendre durant de très nombreuses années, car à l'arrêt, la chute des cheveux reprend. L'effet indésirable majeur du minoxidi®l est sa tendance à provoquer un effluvium télogène en début de traitement, c'est-à-dire que la chute de cheveux s'aggrave parfois pendant quelques semaines (3 à 6 semaines), avant de se stabiliser. Ce n'est alors qu'ensuite que les cheveux repoussent. Ce problème est très fréquent, surtout avec le minoxidi®l à 5%. Et enfin, le traitement nécessite d'être suivi très rigoureusement car les oublis (plus de 8 jours de suite) provoquent aussi parfois un effluvium télogène. Il n'est donc pas rare d'avoir une aggravation nette de la chute des cheveux et qui peut alors durer un à deux mois.
Le bon côté maintenant est que le minoxidil® permet d'obtenir un arrêt de la chute, voire une réelle repousse des cheveux. Chez la femme atteinte d'alopécie androgénique, on dépiste parfois des troubles hormonaux, dus en particulier à un dysfonctionnement des ovaires, lesquels sont à l'origine d'un excès de production d'hormones mâles. Cette surproduction hormonale est suspectée en présence de certains symptômes : règles irrégulières, excès de pilosité, acné, etc. Dans ces conditions, un bilan hormonal s'impose afin de vérifier l'opportunité de proposer un traitement anti-androgène. Dans d'autres cas, un excès de sensibilité du cheveu aux hormones mâles peut être suspecté en cas de peau grasse, de cheveux gras, d'un excès de poids, etc. Dans ces situations, le traitement local de minoxidil® peut être complémenté par la prescription d'une pilule contraceptive hormonale adaptée. En effet, certaines pilules peuvent aggraver la chute des cheveux, alors que d'autres baissent le taux d'hormones mâles.
Quelle est la prise en charge des autres formes de chutes de cheveux diffuses ?
Dr Philippe Abimelec : Lorsqu'il s'agit d'un dysfonctionnement de la thyroïde (fréquent chez les femmes), il faut commencer par traiter le trouble thyroïdien. Si le problème de chute de cheveux n'est pas résolu, un traitement complémentaire par le minoxidil® est parfois nécessaire. Lorsqu'il y a une carence en fer, il faut la corriger et adapter la contraception. Lorsque la prise d'un médicament a été mise en cause, comme certains antidépresseurs ou anti-cholestérols, il convient de changer de famille thérapeutique lorsque c'est possible. En revanche, s'il s'agit d'une chimiothérapie dont on ne peut pas se passer, on ne peut rien faire d'autre qu'attendre la fin de ce traitement qui s'accompagnera de la repousse progressive des cheveux. Et enfin, s'il s'agit d'une maladie capillaire, on recourt à des traitements spécifiques. A chaque cas de chute de cheveux, il convient d'en rechercher la ou les causes afin de proposer le traitement le plus adapté.
* Le Dr Philippe Abimelec est dermatologue, ancien attaché à l'hôpital Saint-Louis, Médecine et chirurgie de la peau, des ongles et des cheveux et membre de la Société française de dermatologie.
Article d’Isabelle Eustache publié sur le site de notre partenaire e-santé.