Allergies : votre bébé est-il allergique ?
Tout bébé il a fait de l’eczéma, des bronchiolites. Quand peut-on dire qu’il est allergique ? Le point sur les allergies avec Pierrick Hordé, allergologue et auteur de Reconnaître et combattre les allergies chez l’enfant.
PsychoEnfants : Quels sont les signes qui doivent alerter d'un risque d'allergie chez le nourrisson ?
Pierrick Hordé : Chez l’enfant, le premier signe est l’eczéma atopique qui apparaît souvent dès les premières semaines. Ce n’est pas grave mais ça peut être très ennuyeux, car l’enfant pleure beaucoup, il faut le changer souvent ainsi que ses vêtements. L’eczéma, c’est de l’allergie. Devant une aggravation, il faut faire un bilan allergologique. Car l’eczéma précoce et important amène souvent à la rhinite allergique puis à l’asthme.
PE: La bronchiolite est-elle une manifestation allergique ?
P.H : Une bronchiolite ne révèle pas une allergie. En revanche, un grand nombre de nourrissons, qui ont eu deux ou trois bronchiolites pendant les deux premières années de vie, risquent de devenir asthmatiques. On sait que, dans 85 % des cas, l’asthme est d’origine allergique. En cas de bronchiolites à répétition il est donc important d’évoquer l’allergie et de faire un bilan allergologique. Il peut être fait dès la naissance contrairement à une idée faussement répandue.
PE : Les rhumes à répétition révèlent-ils toujours une allergie ?
P.H : La rhinite allergique se caractérise par des rhumes résistants ou qui s’enchaînent, surtout en automne (période de reproduction des acariens) ou au printemps. Ces épisodes révèlent bien souvent une allergie, surtout s’ils se reproduisent tous les ans dans une famille d’allergiques. Toutes les manifestations à répétition doivent faire penser à l’allergie, que l’enfant multiplie les rhino-pharyngites, les otites, les conjonctivites ou les épisodes de toux. Si, face à ces symptômes, le pédiatre préconise une ablation des amygdales et des végétations, demandez l’avis d’un allergologue avant de faire une intervention qui pourrait se révéler inutile.
PE : Quand doit-on penser à l’asthme ?
P.H : Les enfants asthmatiques toussent souvent, leur toux est sèche et surtout nocturne. En général, une toux chronique à répétition doit faire penser à de l’asthme, surtout si l’enfant siffle quand il respire. Les crises violentes et sifflantes doivent donc alerter, mais également les épisodes de toux prolongées sans sifflement. Le fait qu’un enfant ne siffle pas n’écarte pas pour autant le diagnostic d’asthme. Les parents doivent être particulièrement vigilants quand l’enfant a fait des bronchiolites avant l’âge de 2 ans. Devant ces signes, ils doivent penser à l’allergie afin d’éviter que l’asthme n’apparaisse.
PE : Que faut-il faire quand un enfant présente des signes d’allergie ?
P.H : Malheureusement, il n’est pas rare que les pédiatres ne pensent pas à l’allergie. Quand ils font faire des bilans allergologiques, ils sont souvent incomplets. Les parents face à des symptômes allergiques doivent donc s’adresser à un autre médecin : l’allergologue. C’est lui qui doit prescrire les bilans sanguins et les tests cutanés. Il est au courant des derniers progrès, des nouveaux tests, des nouveaux traitements et orientera les examens à pratiquer en fonction des dernières découvertes.
PE : Quand les tests sont négatifs, est-on sûr que l’enfant n’est pas allergique ?
P.H : Avant l’âge de 4-5 ans, le diagnostic est plus difficile. Les tests peuvent être négatifs sans pour autant éliminer l’allergie. En aucun cas un bilan négatif n’écarte à vie la possibilité d’une allergie. L’important est là encore de prescrire les bons tests par rapport à l’histoire familiale et aux manifestations de l’enfant. Les tests ne font pas mal et sont remboursés par la Sécurité sociale. En outre, ils sont utiles pour envisager la désensibilisation.
PE : Les manifestations allergiques révèlent-elles l’allergène en cause ?
P.H : Non, toutes les manifestations peuvent être provoquées par tous les types d’allergènes. On sait toutefois que certains d’entre eux touchent le plus fréquemment le jeune enfant. Les acariens sont les premiers agresseurs, puis viennent les poils d’animaux et les allergies alimentaires. Le rhume des foins concerne très peu le jeune enfant. Il n’apparaît en général que vers 6-7 ans.
PE : Les traitements allergiques ont-ils des effets sur la croissance de l’enfant ?
P.H : Les corticoïdes inhalés utilisés dans les traitements de l’asthme n’ont pas d’effet sur la croissance de l’enfant. D’où l’importance de traiter l’enfant au quotidien, et d’éviter les corticoïdes par voie orale qui peuvent, eux, provoquer des troubles de la croissance quand ils sont utilisés trop souvent.
PE : À partir de quel âge peut-on traiter un enfant allergique ?
P.H : L’enfant peut être traité pour son allergie dès qu’elle est établie. En revanche, la désensibilisation à l’allergène en cause ne sera pratiquée que vers l’âge de 4-5 ans. Il existe en la matière des produits de plus en plus actifs. Cette méthode consiste à déposer sous la langue quelques gouttes de l’extrait allergénique que l’enfant va ensuite laisser fondre sous la langue pendant deux minutes.
PE : Les manifestations allergiques sont-elles psychologiques ?
P.H : Non, les manifestations allergiques ne sont pas purement psychologiques. Toutefois, comme dans toutes les maladies, le facteur psychologique intervient. Trop facilement, l’eczéma, une toux chronique ou une crise d’asthme sont considérés comme d’origine psychologique. Cette attitude est dangereuse car il en résulte la plupart du temps un retard dans la prise de charge de la maladie.
PE : Quelles sont les réactions allergiques les plus sévères ?
P.H : Heureusement, les manifestations allergiques sévères restent rares. L’œdème de Quincke se caractérise par un gonflement du visage et des lèvres accompagné de difficultés respiratoire et d’une voix rauque. Le choc anaphylactique est la réaction allergique généralisée : l’enfant est pâle, ses yeux cernés et ses lèvres bleutées, il présente des difficultés respiratoires, une urticaire importante et une tension basse. Dans les deux cas, il faut réagir en urgence.
À lire
Aïe ! ça pique ! Les allergies, éditions Boomerang, 9,90 euros.