Mais qui sont les adonaissants ?
Ils ont 10 ou 13 ans et entrent dans une première phase d’émancipation précédent l'adolescence, François de Singly appelle ces jeunes les adonaissants. Dans son ouvrage intitulé "Les Adonaissants", le sociologue met en relief cette nouvelle classe d’âge. Explications sur ce qu'est l'adonaissance.
Votre livre s’intitule Les Adonaissants… Un drôle de titre, non ?
En fait, l’adonaissance désigne l’entrée dans l’adolescence. Cette période commence au début du collège et se poursuit jusqu’en quatrième. À cet âge, l’enfant se construit une identité personnelle, s’émancipe en tant qu’individu en se distanciant de sa famille.
Mais d’où vient réellement cette notion ?
J’ai constaté qu’il n’existait aucun terme pour désigner les enfants âgés de 10 ou 11 ans, je l’ai donc inventé moi-même.
Il existe tout de même le terme de préadolescence …
Oui mais celui d’adonaissance exprime bien mieux le processus d’individualisation qui est en cours à cet âge-là. L’adonaissance, c’est la naissance d’un nouvel individu : le jeune a le droit de s’affirmer davantage, d’avoir des territoires personnels.
Cette période d’affirmation a-t-elle lieu de plus en plus tôt ?
Elle est différente d’hier. Les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés à un paradoxe difficile à gérer. Avant, certains d’entre eux travaillaient très tôt. Désormais, avec la scolarisation massive, ils sont beaucoup plus dépendants de leurs parents. Mais en même temps, ces derniers leur offrent davantage de liberté dans une société où le mot d’ordre est deviens toi-même… deviens autonome.
Ce qui, d’un point de vue éducatif est gênant…
Bien sûr, parce qu’un jeune, passé 15 ans, doit apprendre à faire des choix en conscience et en réflexion. Certains rappels et interdits doivent être formulés. En même temps, il est nécessaire de commencer à le préparer à tenir droit sur ses deux jambes, pas à pas, sans constamment l’étouffer.
Le saviez-vous ?
52 % des jeunes âgés de 11 à 13 ans avouent prendre leur mère ou leur père comme interlocuteur en cas de problèmes scolaires et 10 % seulement en cas de problèmes amoureux.
À lire
Les Adonaissants, François de Singly, Armand Colin, 20 €.