3 questions sur l’addiction au sexe
L'addiction au sexe est un vrai problème. À partir de quand peut-on parler d'addiction sexuelle ? En quoi est-ce si gênant au quotidien ? L'addiction sexuelle concerne-t-elle aussi les femmes ?
Jean-Claude Matysiak, psychiatre, fait le point sur cette addiction.
Jean--Claude Matysiak est psychiatre, chef de service de la consultation d’addictologie du centre hospitalier de Villeneuves-Saint-Georges. Il est le co-auteur des ouvrages Les addictions : dépendances, toxicomanie, repenser la souffrance psychique chez Armand Colin et Les nouvelles formes d’addictions chez Flammarion.
PsychoEnfants : Quelles sont les caractéristiques de l’addiction sexuelle ?
Jean-Claude Matysiak : Pour parler d’addiction, il faut qu’il y ait fréquence et souffrance. C’est un peu comme les problèmes d’alimentation. Certains sont capables de faire des excès sans être malades. On peut parler d’addiction quand il y a une demande du patient d’apaisement de la souffrance. Il y a addiction quand la vie de l’individu est centrée sur le sexe aux dépens du reste. Il peut souffrir simplement de la quantité comme de la qualité.
PE : Y a-t-il des différences entre les hommes et les femmes ?
J-C M. : Non. Les deux souffrent dans les mêmes conditions. Il peut s’agir de la répétition de relations sexuelles avec des partenaires différents comme d’une activité masturbatoire compulsive devant des images pornographiques.
PE : Quels sont les liens entre besoin sexuel et quête de pouvoir ?
J-C M. : Il n’y a pas à mon sens de liens directs entre pouvoir et sexe, c’est plutôt une question de personnalités qu’on peut appeler dépendantes. Elles ont un besoin commun de s’affirmer, une quête frénétique d’identité, qu’elles peuvent rechercher dans la conquête du pouvoir ou la multiplication des aventures sexuelles.
À lire :
Les nouvelles formes d’addiction, Jean Claude Matysiak et Claude Valleur, Flammarion, 7,79 euros.