Pleurs excessifs : bébé digère mal
Rien d'alarmant à ce qu'un nouveau-né pleure. En effet, c'est son seul mode de langage. En revanche, les pleurs excessifs traduisent généralement trois grands types de troubles : la faim, le sommeil et les difficultés digestives. Après les difficultés alimentaires (régurgitations, mauvaise prise de repas), les coliques occupent la deuxième place des pleurs de bébé.
Les douleurs digestives sont fréquentes chez les bébés
Au cours de la première année, entre 10 et 45% des nouveau-nés souffrent de coliques. Il s'agit d'une source importante d'inquiétudes. Le rôle du médecin est de rechercher les causes et le cas échéant, de mettre en place un traitement. Il doit également rassurer la famille paniquée et épuisée par les pleurs, et si besoin, la déculpabiliser.
Survenant de façon intense, fréquente et inopinée, les pleurs excessifs sont généralement sans lésion ni trouble, et disparaissent en fin de première année. On retient les affections suivantes par ordre de fréquence décroissante.
La colique digestive
C'est le symptôme douloureux le plus fréquent, souvent difficile à vivre pour la famille, car anxiogène. Ce sont des douleurs abdominales spasmodiques responsables de pleurs et d'une agitation, accompagnées d'éructations (rôts) et d'émissions de gaz. Ces coliques ne traduisent aucune maladie particulière et disparaissent en général au 3e ou 4e mois. Un traitement d'appoint peut cependant être proposé.
L'oesophagite par reflux
L'oesophagite (inflammation de l'œsophage) est la complication la plus gênante du reflux (régurgitation du contenu de l'estomac, liée le plus souvent à la maturation inachevée du tube digestif). Elle est liée à l'agression de l'œsophage par les liquides acides de l'estomac.
Cette inflammation peut entraîner des régurgitations à répétition, des pleurs et des tortillements de l'enfant pendant les repas. L'évolution vers la guérison est généralement spontanée, mais un lait pré-épaissi ou un traitement peuvent être prescrits.
La constipation
Elle est due à une aérophagie, favorisée par la répétition des succions-déglutitions en raison d'une cadence rapide du biberon ou d'une tétine mal adaptée. Les biberons coudés, qui tendent à minorer l'ingestion de l'air, sont conseillés. Parfois un traitement peut être proposé.
L'intolérance au lactose
La fermentation du lactose génère une accumulation douloureuse de gaz. C'est une cause mineure de pleurs excessifs, entre 0 et 3 mois.
L'allergie aux protéines du lait de vache
Dans certains cas, une alimentation sans protéine de lait de vache est proposée, mais sa réintroduction est préconisée à six mois. Le lait de soja est parfois une alternative.
Il faut savoir que le plus souvent, on ne peut proposer d'explication convaincante sur les causes des pleurs, ni de traitement efficace, ce qui est très difficile à vivre pour la famille.
L’aide psychologique et comportementale des parents
Pourtant, les facteurs psychologiques et comportementaux des parents sont prépondérants et font donc partie du traitement.
Le contact physique : porter dans les bras, bercer, masser et caresser le bébé en pleur, sont conseillés.
L'usage de la tétine peut également être bénéfique.
Les astuces diététiques : faire boire lentement, diminuer le calibre de la tétine, régulariser le rythme des biberons et ne pas trop donner.
Déculpabiliser : les pleurs d'un bébé sont véritablement épuisants. Les mères qui passent toute la journée avec leur nouveau-né doivent s'accorder des moments de répit en confiant leur enfant à une tierce personne, et ce, sans avoir le sentiment de l'abandonner, sans culpabiliser ! C'est bénéfique à la mère, mais également à l'enfant qui va retrouver une maman plus disposée.
Article publié et mis à jour par Isabelle Eustache
Sources : Journée parisienne de pédiatrie, novembre 2004, communication du Dr Marc Bellaïche (hôpital Robert-Debré, Paris).
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