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Préservons l’autonomie de nos ados !

Préservons l'autonomie de nos ados !Les ados sont en quête d'indépendance, d'autonomie. Alors dépassés les parents d’ados ? Oui, parfois, nous répond François de Singly, « surtout en ce qui concerne l’école, les notes, et l’autonomie scolaire de leurs enfants ». Le sociologue nous explique comment faire pour préserver cette autonomie si importante pour les ados. Entretien.

Dépassés les parents d’ados ? Oui, parfois, nous répond François de Singly, « surtout en ce qui concerne l’école, les notes, et l’autonomie scolaire de leurs enfants ». Entretien.

Vous répétez souvent que l’autonomie est globalement mal définie par les parents d’ados…
En effet. Aujourd’hui, beaucoup de parents pensent que l’autonomie s’acquiert hors de la famille, dans le monde de la culture “jeune”. Par contre, ces mêmes parents restent très exigeants en ce qui concerne l’école, enjeu important et objet de contrôle. Conclusion ? Ils desserrent la vis pour les loisirs – sorties, musique, jeux vidéos – mais la resserrent trop pour les études.

Que cela engendre-t-il ?
Une altération de l’image des études qui représentent, aux yeux de certains ados, un espace de contrôle parental, plus qu’un lieu de construction personnelle.

C’est en ce sens que vous parlez souvent d’identité clivée des ados ?
Oui… Clivée dans la mesure où on donne à certains jeunes la possibilité d’accéder à des territoires à eux, tels les jeux vidéo – au nom de l’émancipation. Mais d’un autre côté, les choses sérieuses, comme l’école, ce sont les parents qui s’en occupent. En résulte un manque d’intérêt de ces jeunes pour leur avenir. Seulement, les adultes doivent comprendre qu’un enfant ne peut pas devenir lui-même en n’ayant accès qu’à des “petites” zones d’épanouissement. On devient soi-même dans la totalité de son existence.

Aujourd’hui de plus en plus de jeunes rejettent-ils l’école ?
Pas forcément. Beaucoup d’entre eux sont contents de s’y rendre pour se retrouver avec des copains. Toutefois, il est vrai que les plus ravis sont généralement les enfants dont les parents n’ont aucune connaissance du milieu scolaire… Les enfants d’immigrés par exemple. Pour eux l’école peut relever du domaine personnel, leurs parents maîtrisant moins cet univers.

Un minimum de pression n’est-il pourtant pas nécessaire à la réussite scolaire ?
De la pression non, de l’encouragement oui. L’objectif est de responsabiliser le jeune. Pour cela, je pense que les parents doivent le laisser prendre quelques risques, sans pour autant démissionner. L’idée, c’est d’apprendre à l’ado à assumer lui-même ce qu’il fait. Les notes qu’il obtient doivent être à lui… non à ses parents. Plus globalement, je crois que l’école doit tendre à être davantage un territoire personnel qu’un territoire familial. Nos enfants doivent impérativement apprendre à vivre pour préparer leur vie et leur avenir personnel.

À LIRE :
Les Adonaissants, François de Singly, Armand Colin, 20 €.

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